"Ianus Bifrons est né de la rencontre accidentelle entre des mots sans bouche et une bouche sans mots. Un corps pourrait parler, et une parole pourrait se taire. Cette complicité pris le nom du dieu antique des débuts et des fins, des commencements et des achèvements. Sa sagesse est bilatérale : les feux du passé éclairent l'avenir dans sa pleine lumière.
Heidegger en a parlé comme un signe de notre époque, une forme habitable de sa compréhension. Car notre temps est celui du déclin vicié et de la victoire arrogante d'un certain Monde, celui de la civilisation, de l'unicité globalisante, de la technoscience, de la raison dominante et destructrice. Mais sa visibilité si flagrante, son histoire si sanglante, nous expose, coupable et nu, cet Oubli qui s'impose partout. Il y a face à la peau intégralement tatouée d'exactitude une courbure à inventer ; il y a une possibilité ultime qui se cache dans l'absolue dépossession. Le visage y est si clairement dessiné, tout y est pris à un tel point d'intégralité, que, d'un coup, l'épaisse chape d'idées – de visions – apparaît là, seule, pauvre et misérable, voile à déchirer. Ce commencement, toujours possible, l'est magistralement aujourd'hui.
L'éclipse est le seul instant où nous pouvons soutenir le regard du soleil. Nique la métaphysique. "
Chant, musique : Maxime Lisoir
Textes : Maxime Deckers
Voix invitées : Vanessa Bortoluzzi, Lancelot le Hardi, CAR
Visuel : Jonathan Deckers
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Voici celles de "Nique la métaphysique":
"Dans l’iris, rayon terrible !
Réfugiée dans l'invisible
Pour y déceler tes cibles
Des temples pour contempler
De l'esthétique pour t'exprimer
Une langue pour te protéger
C'était bien c'était rangé
C'était beau c'était lissé
Mais ça t'a pas suffi petite gourmande
Il t'en fallait plus et t'allait le prendre
Je le sais il fallait que tu te répandes
que tu commandes que tu démembres
Mais voilà que ça déborde
Que les barbares sont à tes portes
Tu ne peux pas tout contrôler
Il ne te reste qu'à angoisser
À tout maximiser optimiser
Légiférer et puis ordonner
Jusqu'au noyau du monde
Tu torpilles tes sondes
T'as pas su laisser la réponse
Renvoyer à la question
On pourra pas passer l'éponge
On va dépasser tes fictions
T'as solidifié tes bases
Mazouté tes socles
On doit liquider tes phases
Liquéfier tes blocs
tes principes, tes causes, tes préceptes, tes poses
tes adeptes, tes gloses, tes limites, tes clauses
tu édictes, tu fausses, tu lapides, tu gnoses
tu mérites qu'on t'explose, toute petite chose
Nique la métaphysique.
Je prends mon colt et mes bouquins
Je t'éclate au marteau à deux mains
Je te décrypte cherche ta Kryptonite
Écoute mes canons crépitent
J'ai des bombes tectoniques
Des putains de bazookas topologiques
J'ai toute une armée une secte qui se démène
De sidéraux sidérés fidèles aux phénomènes
Depuis des millénaires tu nous mets les nerfs
Tu voulais voir avec tes compères
Tout ce qui pouvait se cacher derrière ?
Mais l'au-delà t'a déçu il t'a bien fallu
Sécréter le suc fétide générer du pus
En regardant trop loin on ne voit plus ce qui vient
Mais le lointain l'est de moins en moins
Tout en restant l'éloigné tu t'es rapprochée
Tu es au plus proche mais toujours séparée
Tu t'es achevée mais tu fais toujours chier
Je t'entends dans chaque mensonge
Je te sens dans tout ce qui ronge
Je te respire dans les usines
Je te goûte dans les cantines
Je te baise dans chaque jeune-fille
Je t'achète dans chaque produit
Je t'oublie dans chaque oubli
Je te vois dans chaque recoin
Tu te fissures je t'assure petite catin
Que demain déjà tu ne seras plus rien
Range donc ce sourire angélique
Je te transperce je te pique
Avec mon sabre magique forgé par Héraclite
Regarde tu périclites petite métaphysique
Vois comme je te nique
Nique la métaphysique.
Nous on veut bien te pardonner
C'est vrai qu'au début t'étais stylée
Ouais t'as inventé des machins
Bien sûr t'as ouvert des chemins
Mais ils ont pourri ils sont décomposés
Tes sortilèges ont tout enchanté
Les beautés que tu as découvertes
S'achètent à la sauvette dans la supérette
On est des putains de guerriers
Des golems de granit et d'acier
On va dézinguer à coups d'acérée pensée
Ta science des causes et des principes premiers
Une guérilla de chamans bien en meutes
Terribl' commandos d'herméneutes
Les phénomènes sont en émeute
En ébullition en pagaille en chaos abîmé
De ce gouffre nous serons les féaux templiers
Gardiens de leurs royaumes incendiés
Témoins extasiés de leurs voluptés exilées
Alors métaphysique qui recouvre nos mondes
De ta large masse immonde d'un unique Monde
Ta destruction sera nuptiale,
nous te baisons jusqu'à la moelle,
nous te briserons c'est sûr
nous te plaquerons sur le mur,
tu disparaîtras sous nos coups de trique,
Vois, vois, petite métaphysique,
Vois comme on te nique.
Nique la métaphysique."
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